Histoire: Il y a quatre cent ans, la Tramevie fut l’une des dernières déesses à s’incarner, avait-elle traîner des pieds ? Avait-elle hésité ? Elle ne s’en rappelle pas, elle se souvient du premier corps, avec une netteté précise, de ce moment où elle quittait ce monde étrange et éthéré pour venir ici et exister. Devenir consciente, réellement consciente et exister…

Au tout début, La Tramevie chercha à échapper aux mortels, disparaissant à leur vue sitôt l’Arche passé. Elle passa une dizaine d’année à apprendre le monde, le parcourir et le ressentir. Elle apprit à voir les mortels, les comprendre et même les côtoyer dans le plus grand secret. Sa première enveloppe…elle avait été si parfaitement choisie, une femme d’une quarantaine d’année à la chevelure châtain, appelée pour être son hôte. Mais La Tramevie avait finit par se faire connaître, après dix ans de curiosité aux alentours de l’Arche et quelques rares fois aux lointains. Le culte de la Tramevie ne fut pas le plus brillant, ni le plus grandiose, il fallut du temps pour que les choses se fassent et dans l’ombre, elle continuait de vivre, d’agir, d’exister, de guider les mortels, offrant le guide opportun au moment nécessaire.

Pendant longtemps, la Tramevie vécut uniquement pour les autres. A la fin de sa première incarnation, son culte s’était installé, petit mais fort, puissant, la Tramevie n’avait pourtant pas vécu beaucoup pour elle, ni noué de relation avec les autres Dieux, il fallut attendre en vérité la suite de son histoire qui se déroula à travers les ans et les siècles aux rythmes de ses retours…

A sa seconde vie, alors qu’elle avait espéré repasser l’Arche sans être vue, le hasard bouscula ses plans, à moins que son destin n’eut été de voir ses plans chamboulés. Elle en fut agacée, elle avait d’autres idées en tête mais contrariée par le hasard elle dut se faire à l’idée d’être connue et priée. En tant que déesse contrainte à des prestiges propres à sa caste, elle se retrouva dans son temple, servie et aimée mais terriblement triste, visitée parfois par le hasard avec qui tout était soit trop intense, soit trop plat. La déesse s’ennuyait. Elle disparaissait parfois, revenait, échappait même au Hasard mais n’était pas une déesse de temple. Hélas….

Elle s’y plia parce que c’était ainsi, important et elle savait que les hommes avaient besoin de sa présence comme il se devait d’être, alors elle agit comme bon lui semblait, sans en vouloir au hasard qui venait et partais au grès de ses pensées et de ses changements caractéristiques. Elle ne lui en voulait pas, il était comme ça, comme elle était une tisseuse. Mais dans ces délaissements coutumiers elle finit par trouver la proximité du Dieu de la Mort : Rahir.
Il était différent, pas plus conséquent que le hasard mais ce n’était pas grave, il l’intriguait et ses araignées l’observaient en silence, elle finit par l’observer de près, se glissant dans son temple sans être invitée mais sachant ce qu’elle faisait. Les prêtres furent un rien fâchés probablement, il était de bon ton qu’un humain soit favoris, ou compagnon, mais Shaeline, malgré ses tendresses rares pour des hommes mortels ne pouvaient pas s’empêcher : elle aima pour la première fois mais ce fut avec clairvoyance qu’elle vit sa toute fin.

Un jour Rahir la tuerait, les raisons, les conséquences, sa réelle disparition ici et dans l’Ethéré et bien…elle savait. Elle tut les choses, elle assista plutôt, à la Grande souffrance de la Sorcellerie. Il ne faut pas se mentir, Shaeline est neutre, elle ne peut s’élever contre la Sorcellerie, ni la soutenir. Le libre arbitre de ces hommes et de ces femmes est une chose claire et précise, mais elle souffrit de voir Rahir et d’autres Dieux et Déesses avoir si mal. Pourtant elle fut se taire, sans jamais se trahir et c’est ce qu’elle fit. Elle devint plus solitaire, hélas, mais pas moins présente, toujours. Influençant les choix, éclairant d’autres, et quand son corps la lâcha, elle retourna à l’Ether. Pourtant, elle se réincarna presque aussitôt, dans le corps frêle d’une jeune fille résolue…

Une jeune fille résolue à être l’hôte d’une déesse, consciente que sa vie prendrait fin dans la pauvreté alors elle avait passée l’arche et Shaeline l’avait entendu. Mais elle ne fut pas rejointe par celui qu’elle attendait et elle su qu’il ne viendrait pas de suite, alors Shaeline vécut. Elle fut toutefois courtisée par des mortels, conscient de ses capacités, espérant entendre de ses lèvres la bonne route. Shaeline les laissa faire…ses énigmes prophétiques plaisant aux esprits qui pouvaient y voir tout et n’importe quoi. Ses prêtres et prêtresses la convainquirent de prendre en compagnon un jeune homme qui venait souvent la courtiser, un bâtard d’un grand Nom qui espérait dorer son blason, un jeune homme un peu perdu. Elle accepta…car c’était soit ce destin soit une triste fin dans son besoin de reconnaissance.

Le jeune homme s’avéra plaisant et agréable, il vieillit jusqu’à être un vieillard, un vieillard aux portes de sa propre fin mais que Shaeline chérit au fil du temps. Maintenant, elle sait que sa vie ne tient qu’à un léger fil mais cela ne la chagrine pas, le monde est ainsi. Et puis, bientôt Il sera là…